Chapitre V

Le Café Salmonella était situé au cœur du faubourg Poissonnier, quartier de la ville qui sentait le poisson, chantait le poisson, vantait le poisson, vendait le poisson et, sans doute, avait goût de poisson, du moins si l’on s’était mis à quatre pattes pour lécher le pavé des trottoirs.

Dans le faubourg Poissonnier, tout respirait le poisson, et rien d’étonnant puisque le quartier jouxtait les quais où les pêcheurs, tous les matins, vendaient leurs prises à la criée. Même le fond sonore évoquait le poisson ; dans ces rues humectées d’embruns, les pas et la circulation produisaient des sons mouillés pareils à ceux des créatures aquatiques. Et, pour le regard, tout le quartier avait quelque chose de poissonneux avec ces ardoises partout, en forme d’écailles argentées, miroitantes, au lieu de briques ou de pierres comme dans le reste de la ville. C’était tellement saisissant qu’en passant l’angle de la rue Turbot, sur les talons de Jérôme, les enfants levèrent les yeux vers le ciel du soir pour s’assurer qu’ils étaient bien toujours à l’air libre, et non quelque part sous l’eau.

Le Café Salmonella n’avait rien d’un café ; c’était un restaurant, et même un restaurant « à thème », ce qui signifie que tout y tournait autour d’une idée, le menu comme le décor. Le thème du Café Salmonella, vous l’avez sans doute deviné, n’était autre que le saumon. Les murs s’ornaient de saumons en aquarelle, le menu de saumons à l’encre de Chine ; serveurs et serveuses étaient costumés en saumons – ce qui ne facilitait pas le service ; sur les tables, au lieu de fleurs, trônaient des bouquets de saumons dans des vases, et naturellement tous les plats étaient à base de saumon.

Le saumon en soi n’a rien de détestable, bien sûr. Mais, de même que le caramel mou, le yaourt à la fraise ou la mousse à nettoyer les moquettes, consommé en excès, il devient très vite écœurant. Et, ce soir-là, les enfants Baudelaire en furent très vite écœurés. Le serveur salmonifié commença par leur apporter des bols de velouté de saumon bien chaud, puis ce fut de la salade de saumon bien fraîche, puis du saumon grillé avec des raviolis de saumon en garniture, le tout arrosé de beurre de saumon ; et lorsque arriva, en dessert, la tarte renversée au saumon avec un tortillon de crème glacée au saumon par-dessus, les trois enfants se jurèrent de ne plus jamais toucher à du saumon de leur vie.

En réalité, même si le dîner avait consisté en mets variés, tous exquisément préparés, et apportés par un serveur dans une tenue simple et de bon goût, les enfants ne l’auraient sans doute guère savouré davantage. La seule pensée qu’Olaf-Gunther passait la soirée avec leur tutrice, sous le toit même où ils logeaient, leur coupait l’appétit plus encore qu’un excès de rose saumon doublé d’un excès de saveur saumonée. Pour comble de malheur, Jérôme refusait absolument de reparler de Gunther.

— Je refuse absolument de reparler de Gunther, déclara Jérôme, portant à ses lèvres son verre d’eau gazeuse dans lequel flottaient de petits dés de saumon en guise de glaçons. Et pour être franc, les enfants, je trouve que vous devriez avoir un peu honte de vos soupçons. Connaissez-vous le mot « xénophobe » ?

Violette et Prunille firent non de la tête et se tournèrent vers leur frère, qui se concentrait sur la question.

— Quand un mot se termine par « -phobe », dit celui-ci en s’essuyant la bouche avec sa serviette en forme de saumon, ça signifie que quelqu’un a horreur de quelque chose. Ou du moins une peur terrible. Au point de détester ce quelque chose… Est-ce que « xéno » veut dire « Olaf ».

— Non, répondit Jérôme. « Xéno » signifie « étranger ». Être xénophobe, c’est avoir une peur morbide des étrangers. Les avoir en horreur, simplement parce qu’ils viennent d’ailleurs, ce qui est une raison stupide. Je vous aurais crus trop intelligents, tous les trois, et doués de trop de bon sens pour être xénophobes. Après tout, réfléchis, Violette : Galilée était originaire d’Europe, et il a inventé le télescope. Franchement, aurais-tu peur de lui ?

— Non, bien sûr, dit Violette. Je serais même très honorée de faire sa connaissance. Mais…

— Et toi, Klaus, tu as sûrement entendu parler de l’écrivain Junichiro Tanisaki, natif d’un pays d’Asie. Aurais-tu peur de lui ?

— Évidemment non, dit Klaus. Mais…

— Et toi, Prunille, acheva Jérôme, le crocodile du Nil vient d’Égypte. Si tu en rencontrais un, aurais-tu peur de lui ?

— Néthesh ! répondit Prunille, autrement dit : « Bien sûr que oui ! Ces bêtes-là ont beaucoup trop de dents, et trop bon appétit ! »

Mais Jérôme enchaîna comme si de rien n’était :

— Ce n’est pas pour vous faire la leçon, je sais que vous avez connu de durs moments depuis la disparition de vos parents. Et Esmé et moi n’avons qu’un désir : vous offrir un bon toit et la sécurité. Mais franchement, je ne crois pas que le comte Olaf ait jamais l’audace de s’aventurer dans notre quartier. L’endroit est trop chic, trop bien surveillé. Et, si d’aventure il l’osait, le portier aurait tôt fait de le repérer et d’alerter les autorités.

— N’empêche que le portier ne l’a pas repéré, insista Violette. Il était déguisé, comme toujours.

— Sans compter que, pour nous retrouver, Olaf irait sur la Lune. Il s’en moque bien, lui, que le quartier soit chic et surveillé.

Jérôme les regarda tous trois, l’air terriblement mal à l’aise.

— S’il vous plaît, ne discutez pas. J’ai horreur des discussions.

— Mais parfois, dit Violette, il est utile de discuter. Parfois, même, c’est absolument nécessaire.

— Je ne vois pas une seule discussion qui soit utile ou nécessaire, dit Jérôme. Par exemple, Esmé avait réservé pour nous dans ce Café Salmonella, alors que je déteste le saumon. J’aurais pu discuter là-dessus avec elle, bien sûr ; mais en quoi aurait-ce été utile ou nécessaire ?

— Eh bien, par exemple, fit observer Klaus, vous auriez pu dîner de choses que vous aimez.

Jérôme fit non de la tête.

— Un jour, vous comprendrez. Quand vous serez plus grands. En attendant, sauriez-vous me dire lequel de ces saumons est notre serveur ? Je réglerais bien l’addition, que nous puissions rentrer à la maison et nous coucher.

Les enfants échangèrent des regards consternes. Ils auraient tant voulu tenter leur chance encore, essayer de convaincre Jérôme que Gunther était le comte Olaf ! Mais ils voyaient bien que c’était peine perdue ; et maintenant Jérôme voulait se coucher. Muets et dociles, ils suivirent leur tuteur hors du Café Salmonella, puis dans le taxi qui les ramenait au 667, boulevard Noir.

Chemin faisant, le taxi longea la plage de Malamer sur laquelle les trois enfants, un matin, avaient appris la nouvelle de l’incendie fatal. Que ce jour funeste semblait loin ! Pourtant, en réalité, il remontait à trois mois à peine. La vue des vagues brisant leurs rouleaux clairs sur la longue plage sombre, sombre leur serra le cœur plus que jamais. Oh ! combien leurs parents leur manquaient ! S’ils avaient été vivants, Mr et Mrs Baudelaire auraient écouté leurs enfants, eux. Ils les auraient crus, au moins, quand tous les trois leur auraient dit qui était Gunther, en vrai. Mais bien sûr, si leurs parents avaient été encore en vie, jamais Violette, Klaus et Prunille n’auraient su que le comte Olaf existait, jamais ils n’auraient eu à subir ses sinistres manigances. Et cette pensée-là, peut-être, était la plus dure de toutes. Assis à l’arrière du taxi, les trois orphelins regardaient la nuit sur la ville, et ils auraient donné cher pour revenir au temps où ils étaient encore heureux.

— Ah ? déjà de retour ? commenta le portier, ouvrant la portière d’une main ferme, ou plutôt d’une manche ferme, avec ce manteau bien trop grand. Mrs d’Eschemizerre avait dit que vous n’étiez pas censés rentrer avant le départ de votre visiteur, et il n’est pas encore redescendu.

Jérôme plissa le front sur sa montre.

— Il se fait tard. Il va être temps que ces enfants se couchent. Si nous ne faisons pas de bruit, nous ne les dérangerons pas, j’en suis sûr.

— J’ai des instructions très strictes, dit le portier. Personne n’est censé pénétrer dans l’appartement du dernier étage avant que le visiteur n’ait quitté l’immeuble. Or il n’a pas quitté l’immeuble.

— Je ne veux pas discuter, dit Jérôme, mais peut-être est-il en train de descendre en ce moment même. Il faut un certain temps pour gagner le rez-de-chaussée, depuis là-haut, vous savez – sauf à descendre à cheval sur la rampe. Donc, à mon avis, vu l’heure, il est sans doute déjà en route vers le bas.

Le portier se gratta le menton du poignet de sa manche.

— Hmm, je n’y avais pas pensé. Bon, ça va, vous pouvez monter, j’imagine. Vous le croiserez sûrement dans l’escalier.

Les enfants s’entre-regardèrent. Ils ne savaient trop ce qui leur faisait le plus froid dans le dos : l’idée que Gunther avait passé tant de temps là-haut, ou l’idée de le croiser dans l’escalier.

— Il vaudrait peut-être quand même mieux attendre qu’il soit parti, risqua Violette. Ce serait trop bête de valoir des ennuis au portier.

— Mais non, décida Jérôme. Il vaut mieux commencer à monter, sinon le sommeil nous prendra avant d’arriver en haut. Prunille, n’oublie pas de me prévenir quand tu voudras que je te porte.

Ils s’engagèrent dans le hall d’entrée et furent surpris de constater qu’il avait été remis à neuf durant leur dîner en ville. Tous les murs étaient peints en bleu et le sol était couvert de sable fin, avec deux ou trois coquillages ici et là dans les coins.

— Les décors marins sont in, expliqua le portier. J’ai reçu le coup de fil aujourd’hui. Demain, toute l’entrée sera garnie de gadgets évoquant le fond des mers.

— Dommage que nous n’en ayons rien su, dit Jérôme. Nous vous aurions rapporté quelque chose du faubourg Poissonnier.

— Pour ça oui, dommage ! regretta le portier. Ces trucs marins, tout le monde en veut, ils commencent déjà à se faire rares.

— Il y en aura sûrement aux Enchères In, s’avisa Jérôme, le pied sur la première marche. Vous devriez y faire un tour.

— Pas impossible que j’y aille, dit le portier, les yeux sur les enfants, avec un étrange sourire. Pas impossible du tout. Bonne soirée, m’ssieurs-dames.

Les enfants lui souhaitèrent le bonsoir et suivirent Jérôme dans l’escalier.

Et ce fut de nouveau la longue, longue grimpée. Chemin faisant, ils croisèrent plusieurs personnes qui descendaient, toutes en costume rayé, mais aucune n’était Gunther. Au fil du temps, les gens qui descendaient avaient l’air de plus en plus fatigués, et les bruits qui filtraient à travers les portes étaient des bruits d’avant-coucher. Au dix-septième étage, ils entendirent une petite voix demander où était le bain moussant. Au trente-huitième, ils entendirent quelqu’un se brosser les dents. Enfin, plus haut encore – une fois de plus, ils avaient perdu le compte, mais ce devait être assez haut, car Jérôme portait Prunille –, ils entendirent une voix grave, très grave, lire tout haut une histoire de marchand de sable.

Tous ces bruits les ensommeillaient, un peu plus à chaque étage, et, lorsque enfin ils atteignirent le dernier palier, ils avaient si sommeil qu’il leur semblait faire du somnambulisme, ou, dans le cas de Prunille, déambuler dans les bras de Morphée. Ils avaient si sommeil qu’ils faillirent bien s’endormir debout, adossés au mur, pendant que Jérôme sortait sa clé et ouvrait la porte, si sommeil que l’apparition de Gunther semblait n’avoir été qu’un rêve. Ils demandèrent à Esmé où il était, elle répondit qu’il était parti depuis longtemps.

— Parti ? s’étonna Violette. Mais le portier nous a dit qu’il était encore ici.

— Encore ici ? Certainement pas. À propos, il a laissé un catalogue des articles en vente aux Enchères In ; vous le trouverez dans la bibliothèque, si vous voulez y jeter un coup d’œil. Nous avons passé en revue un certain nombre de points d’organisation, puis il est reparti.

— C’est pas croyable, dit Jérôme.

— Bien sûr que si, c’est croyable. C’est même tout ce qu’il y a de plus certain. Il a passé cette porte, je l’ai vu comme je vous vois.

Les enfants se consultèrent du regard, désorientés, soupçonneux. Comment Gunther avait-il pu quitter l’appartement, alors que le portier ne l’avait pas vu sortir, et qu’eux ne l’avaient pas croisé dans l’escalier ?

— Il n’aurait pas pris l’ascenseur, par hasard ? suggéra Klaus.

Esmé leva les sourcils très haut, et trois fois de suite elle ouvrit la bouche comme pour parler, puis la referma sans émettre un son. On l’aurait crue sous l’effet de la surprise.

— N’importe quoi ! dit-elle pour finir. Les ascenseurs sont toujours out ; l’ascenseur est condamné, tu le sais très bien.

— Pourtant, le portier nous a dit qu’il était encore ici, insista Violette. Et nous ne l’avons pas croisé dans l’escalier.

— Alors, le portier s’est trompé ! conclut Esmé. Et nous n’allons pas passer la nuit sur ce détail soporifique. Jérôme, emmène ces enfants au lit.

Les enfants se regardèrent en coin. À leur avis, ce détail n’avait rien de soporifique, mot qui signifie : « porteur de sommeil, endormant. » Au contraire, l’idée que Gunther s’était volatilisé suffisait à chasser le sommeil.

Mais les trois enfants savaient bien qu’ils ne convaincraient pas leurs tuteurs que l’affaire était louche, pas plus qu’ils n’avaient pu les convaincre que Gunther était le comte Olaf. Ils souhaitèrent donc bonne nuit à Esmé et suivirent Jérôme à travers trois salles de bal, une salle de billard, deux salles de tuba, et arrivèrent enfin devant leurs chambres.

— Bonne nuit, les enfants, leur dit Jérôme avec un bon sourire. Parions qu’après cette journée vous allez dormir comme des bûches.

Je ne vous vexe pas, j’espère ? C’est juste une façon de dire que vous allez dormir si fort que vous ne remuerez pas d’une patte.

— Oh ! vous ne nous vexez pas du tout, le rassura Klaus. Dormir comme une bûche, on sait ce que ça veut dire. Et à vous aussi, Jérôme, bonne nuit !

Jérôme reparti, les trois enfants échangèrent un dernier regard ; ils communiquaient beaucoup par regards. Puis chacun rentra dans sa chambre et referma la porte avec soin.

Ils savaient d’avance, tous les trois, qu’ils n’allaient sûrement pas dormir comme des bûches – à moins qu’il n’existe des bûches qui se tournent et se retournent en se posant des questions. Or, des questions, ils s’en posaient, toujours les mêmes, en boucle : ils se demandaient où était passé Gunther, comment il les avait retrouvés, quel coup tordu il mijotait ; ils se demandaient où pouvaient être Isadora et Duncan Beauxdraps ; ils se demandaient ce que pouvaient bien signifier les initiales V.D.C., et si la réponse à cette question était la clé de toutes les énigmes précédentes.

Tout en examinant ces questions, ils se tournaient, se retournaient, se re-retournaient encore. Et plus la nuit avançait, moins ils se sentaient comme des bûches. Ils étaient seulement trois enfants aux prises avec une odieuse machination – et aux prises avec une nuit d’insomnie, l’une des moins soporifiques de leurs jeunes vies.

Ascenseur pour la peur
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